La littérature policière s’efforce de refléter la société telle qu'elle a été, qu'elle est, ou qu'elle devient.
Est-ce prétendre, alors, qu’énigmes, crimes ou intrigues, ne sont que prétextes à évoquer des faits passés, actuels ou futurs, qu'ils soient politiques, économiques, sociaux, régionaux ou nationaux, voire internationaux ?
Certainement pas.
Néanmoins l'enquête policière se déroule dans un environnement donné. Enquêteurs et criminels sont des hommes et des femmes immergés dans ce contexte.
Pour ce qui est de l'environnement, dans mes polars, c'est le Sud. Le sud de la France, et plus particulièrement, le Var, ses paysages, son climat, la mer, la mentalité de ses habitants, l'apparente convivialité et la violence sous-jacente.
Pour le contexte sociétal, ce sont les grands thèmes qui marquent notre époque : les injustices, la science, l'écologie, le climat, les migrations, le terrorisme, les droits de l'homme, le nationalisme, etc...

vendredi 6 mai 2016

G A T A C A

   Guanine, Adénine, Thymine, Adénine, Cytosine, Adénine. Les 4 lettres de l’alphabet du vivant. Les fameuses 4 bases azotées qui différencient les nucléotides dont les séquences contenues dans les chromosomes permettent le codage des gènes de la molécule d’ADN.
   Ce polar est ambitieux, comme tous ceux de Franck Tilliez.
   L’auteur essaye de mettre à la portée de tous ses lecteurs les mécanismes génétiques de l’évolution biologique. L’éclairage du darwinisme par la biologie moléculaire. L’inné et l’acquis. La part du gène et celle de l’environnement dans les processus d’évolution. Un bel effort de vulgarisation scientifique malgré deux petites erreurs qui ne portent pas préjudice à la démonstration : les rétrovirus ne sont pas des virus qui camouflent leur ADN dans les cellules-hôtes, mais des virus à ARN qui font une transcription inverse de celle des virus normaux », d’ARN en ADN. Et le SIDA n’est pas un rétrovirus mais un syndrome – une maladie ‒ causée par un rétrovirus, le VIH.
   Le pari est-il réussi ? Oui, en grande partie. Mais en grande partie seulement.
  Vouloir mêler dans un thriller, l’Homme de Cro-Magnon contaminé par un virus il y a 30 000 ans, au massacre – génocide ? – des hommes de Neandertal, à la survivance en Amazonie d’une tribu ayant conservé son patrimoine génétique ancestral et dans lequel persiste ce virus codé par la séquence GATACA, à des crimes en série impactant assez directement les deux flics récurrents de l’œuvre de Tilliez, Franck Sharko et Lucie Henebelle, me parait être un exercice périlleux et susceptible de rendre la lecture de ce polar difficile pour les non-initiés aux choses passionnantes de la génétique et de l’évolution biologique.
  Le talent de l’auteur est toujours au rendez-vous. Son remarquable travail de recherche de documentation, également. Mais à vouloir trop en faire dans le suspense, l’imprévisible, l’originalité, le roman a tendance à côtoyer l’invraisemblable, à bifurquer vers la science-fiction. Ce n’est certes pas péjoratif, mais c’est simplement un autre genre littéraire.
   À lire tout de même.
   Note : 6/10

  Tant qu’à faire, je me permets de conseiller à ceux qui ne l’ont pas encore lu, Le laboratoire du diable, mon deuxième polar, qui parle lui aussi de la génétique et de l’eugénisme.
  Et puis, puisqu’on est dans l’auto-publicité, vous pouvez consulter mes 3 essais de vulgarisation scientifique parus chez l’Harmattan : Pour comprendre la génétique, Comprendre l’évolution et L’ADN en question(s).
  On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

GATACA, Franck Tilliez. Pocket. 8.50 €

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