Guanine, Adénine, Thymine, Adénine, Cytosine, Adénine. Les 4
lettres de l’alphabet du vivant. Les fameuses 4 bases azotées qui différencient
les nucléotides dont les séquences contenues dans les chromosomes permettent le
codage des gènes de la molécule d’ADN.
Ce polar est ambitieux, comme tous ceux de Franck Tilliez.
L’auteur essaye de mettre à la portée de tous ses lecteurs
les mécanismes génétiques de l’évolution biologique. L’éclairage du darwinisme
par la biologie moléculaire. L’inné et l’acquis. La part du gène et celle de l’environnement
dans les processus d’évolution. Un bel effort de vulgarisation scientifique
malgré deux petites erreurs qui ne portent pas préjudice à la démonstration :
les rétrovirus ne sont pas des virus qui camouflent leur ADN dans les
cellules-hôtes, mais des virus à ARN qui font une transcription inverse de
celle des virus normaux », d’ARN en ADN. Et le SIDA n’est pas un
rétrovirus mais un syndrome – une maladie ‒ causée par un rétrovirus, le VIH.
Le pari est-il réussi ? Oui, en grande partie. Mais en
grande partie seulement.
Vouloir mêler dans un thriller, l’Homme de Cro-Magnon
contaminé par un virus il y a 30 000 ans, au massacre – génocide ? –
des hommes de Neandertal, à la survivance en Amazonie d’une tribu ayant
conservé son patrimoine génétique ancestral et dans lequel persiste ce virus
codé par la séquence GATACA, à des crimes en série impactant assez directement
les deux flics récurrents de l’œuvre de Tilliez, Franck Sharko et Lucie Henebelle,
me parait être un exercice périlleux et susceptible de rendre la lecture de ce
polar difficile pour les non-initiés aux choses passionnantes de la génétique
et de l’évolution biologique.
Le talent de l’auteur est toujours au rendez-vous. Son
remarquable travail de recherche de documentation, également. Mais à vouloir
trop en faire dans le suspense, l’imprévisible, l’originalité, le roman a
tendance à côtoyer l’invraisemblable, à bifurquer vers la science-fiction. Ce n’est
certes pas péjoratif, mais c’est simplement un autre genre littéraire.
À lire tout de même.
Note : 6/10
Tant qu’à faire, je me permets de conseiller à ceux qui ne l’ont
pas encore lu, Le laboratoire du diable, mon deuxième polar, qui parle lui
aussi de la génétique et de l’eugénisme.
Et puis, puisqu’on est dans l’auto-publicité, vous pouvez consulter
mes 3 essais de vulgarisation scientifique parus chez l’Harmattan : Pour comprendre la génétique, Comprendre l’évolution et L’ADN en question(s).
On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire