Le personnage récurrent de mes polars.
Lors d’une rencontre
littéraire autour du polar, on m’a posé la question suivante : comment est
né le personnage de Félicien Aubin ?
Comment il est né, je
n’en sais rien. Je n’y étais pas. Ce que je sais, c’est qu’il a aujourd’hui, un
peu plus de cinquante ans. On est en 2018, ne l’oubliez pas Il a donc dû naître dans les années soixante.
Est-ce que cela a pu avoir une incidence sur sa façon de vivre ? Pourquoi
pas ! Mais il n’a pas connu mai 68 ! Trop jeune.
Je
l’ai découvert par hasard, un jour où j’avais décidé de m’intéresser à une
affaire criminelle : un meurtre dans une chambre d’hôtel à Bandol. (Voir "Crimes et sentiments")
C’est ainsi que j’ai
rencontré Aubin pour la première fois. Je l’ai vu arriver dans sa vieille guimbarde,
un jour de tempête, vêtu simplement, sans souci de paraître. Ce n’est pas un
athlète, il ne joue pas les cowboys. Physiquement c’est un homme qui n’a rien
de particulier, mais tout de même un certain charme. J’ai assisté aux premiers
instants de l’enquête. J’ai trouvé qu’il avait quelque chose de peu commun pour
un policier. J’ai tout de suite compris qu’il n’était pas flic par vocation :
sa manie de vouloir se faire appeler « inspecteur » alors que cette
appellation n’est plus en usage dans la police nationale depuis 1995. Son
véritable grade était « lieutenant », ce qui n’est pas
particulièrement brillant pour un fonctionnaire de plus de 50 ans, il devrait
être commandant ou au moins capitaine. Pourquoi ? Est-ce que c’est un
mauvais flic ? Est-ce qu’il est mal apprécié par sa hiérarchie ? Et
pour quelles raisons ?
J’ai décidé de
m’intéresser à lui autant qu’à l’enquête. Mener les deux histoires en
parallèle.
J’ai
compris peu à peu, ce qu’il était réellement, son vécu, son passé, sa jeunesse,
sa famille, ses blessures, ses souffrances. Tout ce qui a fait de lui un
dépressif pessimiste et révolté.
Sa
hiérarchie lui reproche de ne pas faire preuve d’esprit d’équipe, d’être un
solitaire. Pourtant il collabore avec certains de ses collègues, peu nombreux,
il est vrai.
J’ai
découvert peu à peu sa conscience professionnelle, son attachement aux services
publics, son combat pour la justice quitte à être parfois en marge de la
légalité républicaine. J’ai apprécié sa fidélité en amour, en amitié.
C’est un homme déçu par
la lente et inéluctable mise à mal de ses idéaux de jeunesse.
Il semble mener en
permanence un combat contre lui-même, contre « ses vieux démons »,
comme il dit.
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